La coca : entre drogue, politique, religion et culture ancestrale

Publié le par Fifi

La coca est ici consommée partout et par tous (nous y compris mais dans une moindre mesure rassurez-vous).

On peut donc s'en procurer facilement et à prix plancher.

Il s'agit d'une consommation traditionnelle de masse en Amérique du Sud notamment sur les hauts plateaux andins. Elle sert également pour faire des offrandes et fut même un impôt il y a quelques siècles.

La Coca (Mama Coca) est fille de la Pachamama (déesse-terre), voilà qui montre à quel point les Amérindiens y sont attachés. On est en plein dans la Religion. Sous nos latitudes, on mange bien des hosties, qui, à ma connaissance n'ont aucunes vertues médicinales. 

L'Argentine est un cas un peu particulier car la culture de la coca y est interdite mais pas sa commercialisation ni sa consommation (!), sans doute à cause de nos amis américains qui confondent feuille de coca et cocaïne et qui menacent les états cultivateurs de sanctions économiques.

Pour l'Histoire, Evo Morales a mangé une feuille de coca à l'ONU pour lutter contre cette idée reçue : coca = cocaïne.

 

Evo Morales mange une feuille de coca 9 mars 2009

 

Cependant, ne nous voilons pas la face, la culture de la feuille de coca n'est semble-t-il pas super encadrée et chaque année des dizaines d'hectares de cultures illégales sont brulés. En 2009, l'ONU attribuait plus de 15% de la production mondiale de cocaïne à la Bolivie (derrière le Pérou et la Colombie) et chose 'rigolote', la même année, une étude américaine démontrait que 90% des billets de banque américains en circulation contenait de traces de cocaïne.

C'est un enjeu politique gigantesque pour les états concernés car il leur faut jongler entre culture, religion, politique et drogue.

 

Je parle donc ici de la feuille de coca à ne pas confondre avec la cocaine qui est un de ses alcaloïdes et peut donc en être extraite. A aucun moment on ne parle de drogue lorsque l'on consomme la feuille de coca, d'ailleurs, je n'ai pas connaissance d'addiction à la feuille de coca (ca ne prouve rien je sais), qui sait, un médecin nouvellement abonné à notre newsletter (et qui fait des consultations au débotté sur Skype) pourra peut-être nous éclairer/corriger.

 

feuille de coca cocaine

 

Un spécimen de feuille de coca a été rapporté en Europe par Jussieu en 1750.

A noter que la cocaïne n'a pas toujours été un produit considéré comme une drogue, elle était utilisée tout au long du XIXe siècle dans le traitement des maladies respiratoires. Freud a même fait des expériences et en conseillait même l'utilisation comme aphrodisiaque notamment ou pour lutter contre les addictions à l'opium, à la morphine ou à l'alcool. Mal lui en prit car il conseilla à son ami médecin Ernst von Fleischl d'en prendre pour lutter contre sa morphinomanie. Non seulement il continua à consommer de la morphine mais en plus il développa une dépendance extrême à la cocaïne à tel point que le laboratoire Merck le contacta pour savoir ce qu'il avait bien pu découvrir de ses valeurs thérapeutiques. Il mourut 6 ans plus tard cocaïnomane et morphinomane. Comme quoi Freud aussi disait des conneries (je sais que cette phrase plaira à Matou, référence à une discussion houleuse !).

 

Revenons à la coca, il existe deux modes de consommation classiques et un troisième disons plus partisan :

  • mastication (on se met quelques feuilles entre la joue et les dents et la salive fait le reste) que l'on peut doper avec du bica(rbonate de soude) pour activer la salive
  • infusion - maté de coca (sucrée sinon c'est un poil fade)

 

Infusion maté de coca  

 

En ce qui concerne les infusions, on peut les faire soi-même avec quelques feuilles (à ne pas consommer après 15/16h00 à cause de son côté excitant) ou utiliser des sachets que l'on trouve dans la grande distribution (de marque Windsor qui ressemble étrangement à notre Lipton - Pierre Bartes si tu nous entend...).

 

Windsor - maté de coca 

La ressemblance est frappante non ?! Je suis sûr que vous ne boirez plus votre thé Lipton comme avant maintenant.

 

Le troisième mode de consommation, que je nomme partisan ou 'alternatif' est censé réhabiliter l'image de la coca à l'International : le Coca Colla.

 

Coca Colla

 

Inutile d'en chercher en France, vous n'en trouverez pas en raison de restrictions sur le commerce de produits à base d'alcaloïdes. Par contre, souvenez-vous, c'est passé aux infos il y a un peu plus d'un an, l'Iran a commandé 2 millions de bouteilles. Le Vénézuela et le Paraguay ainsi que plusieurs autres pays d'Amérique Latine ont également manifesté leur intérêt pour cette boisson énergisante.

Nous n'en avons pas trouvé non plus ici, la production est peut-être toujours limitée ou bien n'arrive pas jusqu'à Potosi et le sud Bolivien.

 

Au marché, on trouve donc des sacs énormes remplis de feuilles de coca, celle-ci s'achète au poids et est conditionnée dans des petits sachets verts transparents. Les feuilles sont relativement petites.

 

sacs de feuilles de coca 1 sacs de feuilles de coca 2

 

Comme nous sommes curieux, nous avons essayé les deux modes de consommation, sans vraiment ressentir d'effets particuliers, citons tout de même parmi les 14 principes actifs, ceux qui nous intéressaient particulièrement :

  • Aide à la digestion et à la cicatrisation
  • Lutte contre le mal des montagnes (voir article Tren à Las Nubes)
  • Effet cardiotonique évitant la tachychardie
  • Amélioration de la circulation sanguine, particulièrement du cerveau
  • Réduction de la pression sanguine, augmentation des cellules sanguines
  • Diurétique, permet d'évacuer plus facilement les substances nocives et toxiques

 

Notre premier contact avec la feuille de coca était dans le Tren à Las Nubes (train des nuages qui monte à 4200m) ou l'hôtesse nous en a proposé.

Comme nous étions néophytes et que personne autour n'en avait demandé nous (tous les quatre) avons pris quelques feuilles dans la bouche et les avons croquées. C'était pas vraiment bon et encore c'est un euphémisme. Certains de nos voisins riaient sous cape de nous voir consommer de la coca comme ca.... Ils auraient été mieux avisés de nous expliquer. Passons.

A noter que nous n'avons pas noté d'effets particuliers ce jour-là à part un goût acre dans la bouche.

Forts de notre première expérience, nous avons voulu retenter cette expérience à La Bohème (Yala) quand un hippie nous en a proposé (et expliqué comment la consommer) sans ressentir d'effets particuliers.

Plus tard, après une super montée dans la Quebrada de Humahuaca, une voiture a fait demi-tour pour nous féliciter et nous offrir à boire (de la Quilmes Cristal s'il vous plait), des bonbons pour les enfants, des gâteaux pour nous et deux sachets de coca. Du coup, pendant plusieurs jours, nous avons consommé (surtout moi) des feuilles de coca. J'avoue très sincèrement ne pas avoir senti la différence, il faut dire que notre acclimatation était déjà faite (et pour cause).

 

Le problème de la coca alimente certainement les conversations à l'ONU et dans d'autres bureaux de toutes formes (ovales, carrés etc.) et à raison. Il semble difficile de conciclier consommation traditionnelle et lutte contre ses dérivés.

Le Coca Colla, se retrouvera peut-être un jour sur nos étals à côté du Breizh Cola mais je n'en mettrai pas ma main à couper.

 

A suivre, quelques photos et vidéos sur la consommation de Coca.

 

Voici une brève description de la feuille de coca de Lucas (je retrancris pèle-mêle) :

"La feuille de coca vient de l'arbre qui s'appelle Coca. On en mange et ensuite on les recrache pour ne plus avoir mal à la tête". Finalement, une phrase de Lucas vaut tout un article.

Publié dans Santé

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E
<br /> <br /> Excellent, j'ai adoré cet article, c'est super interessant !!<br /> <br /> <br /> <br />
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