Tupiza - Cotagaïta - Potosi

Publié le par Fifi

Partir de Tupiza aura été difficile sur tous les plans.

Tout d’abord parce qu’il y a le syndrome de l’oasis (expression de Clau.), quand on est bien quelque part on n’a plus envie de partir en ch… à vélo.

Ensuite parce que la route promettait d’être dure et pas toujours bitumée.

Et enfin parce que fidèle à notre habitude, nous avions encore un pneu crevé ce matin-là…

 

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La faute aux rustines et à la colle achetées en Argentine, l’une d’elle s’était décollée. Colle de mauvaise qualité inside.

 

Résultat, entre le chargement des vélos, déchargement, réparation de la chambre à air, remontage et rechargement des vélos puis l’au-revoir à notre commerçante préférée (Irma) nous avons décollé aux alentours de 11h30…

Un petit mot sur Irma tout de même. Irma, c’est une commerçante chez qui nous achetions une partie de notre nourriture quotidienne (pringles, kinder, gâteaux, yaourts en bouteille, pâtes etc.). Elle avait, comme tant d’autres, un faible pour les enfants qui le lui rendaient bien.

 

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Le jour de notre départ elle leur a donné à chacun un sac plein de bonnes choses : un jus de fruit, des gâteaux, des bonbons, bref, des trésors qu’ils ont engloutis le jour même (le jus le lendemain midi).

Nous décollons donc enfin de Tupiza, Diane a le moral dans les chaussettes, elle se doute des épreuves qui nous attendent et n’est pas motivée pour deux bolivianos. Nous prenons le déjeuner en bas d’une côte qui s’avèrera un col, avec une pente raide interminable (sinueuse et pas totalement asphaltée), tellement longue que nous n’avons pas pu atteindre le col avant la nuit et avons du planter la tente en contrebas de la route.

 

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On en a sué sévère et Diane n’avait qu’une envie, c’est que je lui dise qu’on allait faire demi-tour !!!!

Le lendemain matin, nous repartons sur la route en construction au milieu des ouvriers qui font le marquage au sol (voir vidéo Dianoux la rideuse). La pente est encore raide et nous atteignons finalement le col en fin de matinée, exténués.

 

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Nous décidons tout de même de continuer un peu pour gagner quelques kilomètres et trouver un endroit sympa pour déjeuner. Diane a retrouvé le sourire, forcément ca descend et on voit loin, ce qui signifie qu’on ne devrait pas remonter de sitôt.

Nous déjeunons sur un terrain de foot ou Diane plante un but mémorable à Lucas (qui nous rappelle sans cesse qu’il est le meilleur gardien de la grande section !).

 

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Les enfants en profitent pour terminer les petits cadeaux d’Irma (dont le jus d’orange).

 

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Avant de reprendre la route, nous allons faire un petit pipi sur un cactus et nous nous apercevons que leurs épines ne semblent pas gêner tout le monde.

 

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La route est relativement plate et très peu fréquentée, c’est un régal de rouler ici. Nous avons droit tout de même à quelques déviations en raison de ponts en construction mais rien de bien gênant.

 

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Plus tard nous traverserons un petit village pile au moment de la sortie de l’école. Des enfants nous suivent en rigolant, puis courent dans les descentes pour nous rattraper. Ils abandonneront au fur et à mesure, soit parce qu’exténués, soit parce qu’arrivés chez eux.

Nous traversons encore un pont en construction à la sortie du village. A ce moment-là, une vieille dame, employée à la marée-chaussée (elle porte un gilet orange et a un drapeau) hèle Diane qui lui fait coucou et continue son chemin, accompagné du dernier enfant ! 

 

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Le garçon dit quelque chose à Diane qu’elle ne comprend pas puis il finit par lui faire de grands signes, lui indiquant que la dame veut lui parler. Elle accourt et tenez-vous bien lui donne 10 bolivianos pour acheter à manger aux enfants !!! Diane a beau y faire, la dame insiste. Elle réalisera après coup qu’elle ne pouvait pas refuser ce cadeau. Nous avions déjà eu de grands signes d’encouragement, voire des cadeaux (Irma par exemple) mais jamais de l’argent. C’est une sensation bizarre, on sait que l’on peut leur donner tout ce dont ils ont besoin (on n’a pas vendu notre maison pour rien !) et que nous n’avons donc pas besoin d’argent, surtout de gens qui en ont visiblement plus besoin que nous.

On parle toujours des gens qui n’ont rien mais donnent tout mais voilà, en croiser c’est tout autre chose.

 

Ce soir-là, le dernier col nous fera moins mal aux jambes. Nous tirons un maximum pour planter la tente le plus tard possible. Pour occuper les enfants pendant que je monte la tente et que Diane commence à préparer le dîner, nous leur donnons une mission de la plus haute importance : ramasser des gros cailloux pour construire un petit muret afin de se protéger du vent. Mission accomplie brillamment. Il y aura eu quelques cris et doigts coincés entre les cailloux mais rien de bien grave.

 

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Le lendemain matin, nous partons relativement tôt (10h30 - nous ne savons pas encore que c’était notre dernière nuit sous la tente en Bolivie) et une fois n’est pas coutume, nous commençons par une descente.  Le problème des descentes, c’est qu’on ne sait pas toujours quand elles arrivent et combien de temps elles vont durer. Ce matin-là, j’avais les deux garçons dans la remorque et dans une descente un peu longue, mon moyeu arrière s’est déboité. Heureusement que nous sommes à l’écoute de nos vélos et que le moindre bruit inhabituel nous alerte (freins, le disque sifflait) sinon j’aurai pu perdre ma roue arrière et les enfants avec...

 

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Après cette petite mésaventure, Diane ‘récupère’ Arthur.

La route continue tranquillement, nous avalons les kilomètres jusqu’à une déviation un peu plus longue qu’à l’accoutumée ou nous croisons des ânes sur la route, effrayés par nos attelages.

 

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Plus loin, en haut d’une côte, nous avons la surprise de croiser des taureaux en liberté qui marchent de notre côté, il y a également une voiture arrêtée avec le capot ouvert. L’homme semble boire un maté pendant que son gentil garçon caillasse les taureaux…. Prudent, je traverse la route et termine la montée à contre-sens. Diane me suit d’un peu loin. Elle traverse également pour éviter la confrontation. Elle me racontera plus tard que l’un des taureaux s’est énervé quand je suis passé et qu’il a commencé à souffler. Impressionnant visiblement.

Nous continuons sur la route en construction alors que les véhicules sont obligés d’emprunter la déviation, nous sommes donc seuls sur une route large et bitumée. Seul le marquage au sol manque à certains endroits, ou bien est rudimentaire (cailloux).

 

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La route est belle et au détour d’un virage nous voyons une route en face en plein milieu de la montagne, la vallée semble se refermer sur nous. La montagne est impressionnante, la route vertigineuse, elle promet de longues heures de souffrance et de marche pour en venir à bout. Le moral de Diane est de nouveau dans les chaussettes. De mon côté, je cache un peu ma crainte devant cette route en disant que c’est un beau défi. L’argument ne prend pas….

 

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Il est presque 13h et nous hésitons à nous poser pour le déjeuner quand nous apercevons un village un peu plus loin. Nous décidons d’y aller en espérant y trouver un ‘comedor’ pour y manger et gagner du temps. Le village s’avère être Cotagaita, l’une des seules bourgades assez grandes de la route entre Tupiza et Potosi. L’arrivée est comme toujours un mélange de rires, d’encouragements, de questions. Nous nous arrêtons le long de l’artère principale. Tout de suite un attroupement se forme mais bizarrement, personne ne nous parle sauf un homme de l’autre côté de la route. Nous en profitons pour lui demander l’état de la route entre ici et Potosi, si elle est asphaltée notamment. Selon lui, la route est très dure et celle qui mène au col n’est pas bitumée….. Argh !

A ce moment précis, nous voyons un bus de l’autre côté de la rue qui indique ‘Potosi – 13h30’. Ni une ni deux, nous décidons de le prendre, tant pis pour le défi. Diane fonce acheter des tickets pendant que je commence à dételer les remorques et fais sortir les enfants. Le bus part dans moins de 15 minutes et le chauffeur commence à nous tanner pour charger les vélos et remorques mais voilà, pour charger les vélos, il faut retirer les sacoches et il faut aussi vider les remorques et les replier. Nous commençons donc à décharger le tout sous l’œil d’environ 40 personnes dont beaucoup d’enfants. Nous sommes sur nos gardes. J’enlève les sacoches et demande à Lucas, qui dormait le pauvre, de s’assoir dessus. Diane vide les remorques (nos manteaux, la nourriture et le matos de réparation) et range le tout en un temps record. Je plie les remorques à la vitesse de l’éclair et file les charger avec les vélos. Je reviens ensuite chercher les sacoches pour les mettre moi-même dans le coffre du bus. Diane reste avec les enfants, les 40 personnes, nos manteaux et un sac de nourriture (nous n’avons toujours pas mangé et n’avons plus grand-chose de comestible).

Tous les passagers sont déjà installés quand à notre tour nous montons dans le bus. J’ai les manteaux dans les mains et file vers nos places. Elles sont occupées par un couple de personnes âgées. Le mari me demande si sa femme peut rester assise car elle est malade, ils descendent au prochain arrêt. Pas de problèmes les enfants peuvent se serrer un peu sur un seul siège.

 

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Le bus est parti depuis plus de 10 minutes lorsque je peux enfin m’asseoir, je décide de ranger le tas de manteaux et pulls qui m’encombrent pendant que Diane s’installe à sa place (quelqu’un l’occupait déjà, c’est ca d’arriver les derniers) mais voilà, je m’aperçois que je n’ai pas son manteau, j’ai bien nos 4 pulls mais seulement 3 manteaux. Je lui demande ou il est et je vois sa figure se décomposer…. Nos 4 passeports sont dans son manteau !!!

Quelqu’un a du nous le piquer pendant qu’on déchargeait les vélos ou pendant qu’on chargeait le bus.

N’y croyant pas et vue la cohue que ca a été pour atteindre l’arrière du bus, nous regardons partout s’il n’est pas tombé par terre, nous posons la question aux passagers mais personne n’a rien vu.

Je vais donc voir le chauffeur et lui explique la situation. Il ne comprend pas tout de suite et me dit qu’on n’a pas besoin de passeports pour aller à Potosi sur quoi je lui explique que nous en aurons besoin pour sortir du pays ou pour rentrer en France….

Je lui demande donc de s’arrêter, je veux voir dans les soutes si le manteau n’y est pas et si non repartir à Cotagaita. Un petit vieux visiblement un peu hébété par l’ingestion de coca ou d’alcool me dit qu’il y a un arrêt dans moins de 10 kilomètres et que nous devons attendre, je l’envoie doucement mais fermement chier ce qui décide finalement le chauffeur à s’arrêter.

Nous ouvrons les soutes et les fouillons mais bien évidemment il n’y a rien.

Nous décidons donc de repartir à Cotagaita. Nous déchargeons donc les vélos, remorques et bagages au bord de la route sous le regard un peu confus des voyageurs. Il nous faut moins de 10 minutes pour être prêts à repartir. Pour nous rassurer, le chauffeur nous dit qu’il ne faut pas plus de 10-15 minutes pour y retourner et que c’est de la descente…. Il nous faudra en fait presque une heure pour y retourner parce que ca commence par une montée évidemment…. Et dire que le chauffeur fait le voyage Cotagaita-Potosi tous les jours.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, les freins de Diane montrent des signes de faiblesse pendant la descente, tant pis nous continuons, les freins attendront.

Nous savons que nous n’avons pas plus d’une chance sur mille de retrouver le manteau de Diane et nos passeports et effectivement à notre arrivée, le manteau n’est plus là.

Nous allons donc au poste de Police déclarer le vol du manteau et donc des passeports. La aussi, c’est un sketch…. Je vais voir le policier de garde et lui explique toute l’histoire. Il me demande à voir les vélos, pourquoi ? Mystère…… Il sort puis se ravise, rentre, prend une pochette (vide) et ressort voir les vélos. Comme c’est le manteau de Diane, c’est elle qui continue avec lui.

 

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Le policier, consciencieux, lui demande si elle ne l’a pas oublié dans le bureau de vente des billets. Elle a beau lui expliquer qu’elle n’avait pas son manteau à ce moment-là (il était 13h, il faisait chaud), il ne veut rien entendre. Il appelle la vendeuse sur son portable et lui demande de revenir pour ouvrir le bureau. Scoop : le manteau n’y est pas ! Incroyable non ?!

Il continue donc son enquête et va donc voir les lieux du méfait, y trouve une poubelle que nous avions laissée à l’entrée d’un magasin et fouille dedans, pourquoi ? re-mystère…. On se demande encore ce qu’il y cherchait. Il se décide enfin à retourner au poste pour nous faire une attestation de perte de nos passeports…. Il lui aura fallu 1h30 pour une seule page. Lorsque Diane sort enfin du poste et me montre la fameuse attestation, je vois une erreur sur l’un des prénoms de Lucas…. Tout est à refaire. Heureusement, il lui faudra moins de 10 minutes pour rectifier et nous faire une nouvelle attestation.

Il est presque 18h30 et nous n’avons toujours pas mangé, notre repas du midi et notre gouter n’ont été composé que de chips et d’un peu de coca… Nous devons encore trouver un endroit ou dormir. Il nous faudra plus d’une demie heure pour trouver enfin un ‘alojamiento’ ou nous pouvons stocker nos vélos et remorques en toute sécurité et ou nous n’aurons pas à partager notre chambre. Ce soir nous ne voulons voir personne, notre moral est à zéro, nous allons devoir aller à La Paz refaire nos passeports rapidement si nous voulons les avoir pour la venue de ma famille (mi padre, ma belle-mère et mi hermano) début octobre. Nous savons que nous pouvons avoir des passeports d’urgence en 48 heures mais ils ne sont valables qu’un an et ne sont pas biométriques ce qui pourrait compromettre la suite de notre voyage puisque pour rentrer dans certains pays il faut avoir un passeport valable 6 mois après le retour (j’ai jamais compris pourquoi…). Et puis plus près de nous, ca nous empêcherait d’aller au Machu picchu avec ma famille vu qu’il est au Pérou.

Le lendemain nous prenons le même bus pour aller à Potosi, c’est le même chauffeur.

Cette fois le chargement se passe sans problème, je ne sors les affaires de notre ‘alojamiento’ que pour les charger. Je fais tout moi-même, l’assistant du chauffeur me donne un petit coup de main pour empiler les vélos. Tout est dans la même soute.

Nous arrivons à 18h30 à Potosi, ville la plus haute du monde (4060 m), la route était vraiment difficile, même sans l’épisode des passeports, nous avons bien fait de ne pas y aller à vélo, il y avait au moins 30 kilomètres de piste.

Nous débarquons toutes nos affaires à l’écart et comme d’habitude, j’ai un pneu crevé……

Je répare donc pendant que Diane emmène les enfants aux toilettes (payantes – 1 boliviano). A ce prix-là, c’est pas étonnant que tout le monde pisse à l’arrière des bus (véridique, il y a des flaques partout).

Potosi, ville la plus haute du monde est aussi en pente raide et le terminal des bus est tout en bas évidemment, le centre lui est tout en haut… Il nous faudra deux heures de montée pour atteindre enfin une auberge. 30 minutes de pédalage et 1h30 en poussant. La pente est tellement raide que les enfants marchent et que je prends les sacoches de Diane dans ma remorque. Quand les enfants en ont assez de marcher nous les mettons sur nos selles. C’est la fête à Potosi, beaucoup de routes sont fermées et lorsque nous demandons notre chemin on nous répond en Quechua ou Aymara…. Nous sommes à bouts, heureusement, la chambre de l’auberge est grande et confortable, nous pouvons y stocker nos vélos et remorques en sécurité dans le patio. Il ne nous reste plus qu’à trouver à manger malheureusement à cette heure-ci tout est fermé, il reste juste un petit boui-boui qui fait des empanadas, valeur sure. Manque de pot, ils sont immondes et un peu caramélisés… Repas frugal avant d’aller au lit.

Il y a le Wi-Fi dans l’auberge, nous envoyons un mail à Olivier et Claudine qui doivent encore être à Potosi. On leur téléphone et coup de bol ils sont encore là ! On se file rencard le lendemain matin. Grosse  bouffée d’air pur et reprise des apéros avec la bière la plus haute du monde, la Potosina, bière blonde qui glisse ma fois pas mal !

Nous resterons 1 semaine à Potosi (en changeant d’auberge parce qu’un peu cher mais aussi pour être dans la même que Clau. et O. ).

 

Malgré toutes ces épreuves, les enfants ont été super heureusement parce que les deux derniers jours ont été très difficile moralement. 

Publié dans Bolivie

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C
<br /> <br /> Un petit coucou,<br /> <br /> <br /> On se régale à chaque fois avec vos superbes photos et commentaires !!!<br /> <br /> <br /> CEDRIC VIENT DE FAIRE LES 20kms de Paris , avec succès !!!!<br /> <br /> <br /> HUGO et TOM ont eu 7ans vendredi dernier ...<br /> <br /> <br /> Bisous de nous 6<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Gros bisous à tous et plus particulièrement aux enfants.<br /> <br /> <br /> <br />